GHANA | ZAPPING

dette, Covid-19, cacao… Pas de répit pour Akufo-Addo

Selon le FMI, le coronavirus a « ébranlé les fondations » de l’économie ghanéenne, mais le pays devrait connaître l’un des meilleurs rebonds de la sous-région en 2021.

Le 7 décembre 2020, le président Nana Akufo-Addo, leader du Nouveau parti patriotique (NPP), a remporté 51,59 % des voix, contre 47,36 % pour le candidat de l’opposition John Dramani Mahama, du Congrès national démocratique (NDC). Mais à l’issue de ce scrutin extrêmement serré, le NDC a aussitôt contesté la victoire du chef de l’État, dénonçant même une « attaque » à l’encontre de la démocratie.

Ces élections nationales sont un remake de la présidentielle de 2016, à l’issue de laquelle Nana Akufo-Addo avait battu le président sortant de l’époque, John Dramani Mahama, avec 53,7 % des voix. La faiblesse de l’économie, l’augmentation des dettes et les inquiétudes concernant la corruption avaient alors joué un rôle clé dans la défaite de Mahama. Or ces mêmes questions ont dominé la campagne électorale de 2020 et seront toujours au cœur du débat politique en 2021.

Alerte sur la dette

Au niveau économique, le FMI rapporte que la pandémie de coronavirus a « ébranlé les fondations » du pays et met le gouvernement en garde contre l’augmentation de la dette. Le Ghana a été l’un des premiers pays à demander à l’institution des prêts d’urgence à déboursement rapide pour faire face au ralentissement induit par la pandémie, en empruntant 1 milliard de dollars à des conditions avantageuses.

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Selon le FMI, la croissance ne devrait être que de 0,9 % en 2020, mais elle rebondirait à 4,2 % en 2021, soit l’une des meilleures performances du continent après la pandémie.

En revanche, le cédi s’est déprécié par rapport au dollar américain, et l’inflation devrait rester à deux chiffres en 2021. Des analystes étrangers ont tiré la sonnette d’alarme à propos de l’augmentation du niveau de la dette. D’après l’agence de notation Fitch, la dette publique globale du Ghana dépassait 70 % du PIB fin 2020, contre 57 % en 2016.

Au niveau national, l’agriculture devrait se renforcer cette année grâce à une meilleure logistique pour alimenter le marché national. Les producteurs locaux bénéficieront également du ralentissement du commerce régional et international causé à la fois par la pandémie et par la fermeture des frontières du Nigeria depuis 2019.

L’année du « retour »

Les secteurs de l’industrie manufacturière, de l’hôtellerie et du tourisme ont tous été durement touchés et ne devraient se redresser que lentement. Toutefois, bien que la pandémie ait ralenti les voyages internationaux, la reprise probable de la mobilité en 2021 devrait bénéficier rapidement au Ghana, qui s’est présenté aux Africains-Américains comme leur base sur le continent en 2019, baptisée « Année du retour », pour les inciter à venir y découvrir leurs origines.

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Le gouvernement tente de contraindre la compagnie locale Springfield, qui avait annoncé en novembre 2019 avoir découvert l’équivalent de 1,5 milliard de barils de pétrole dans son champ d’Afina, à travailler avec l’italien Eni, qui exploite celui de Sankofa, situé juste à côté. La société norvégienne Aker Energy a pour sa part déclaré qu’elle prévoyait de poursuivre le développement de son champ de Pecan, dont la mise en service requiert plus de 4 milliards de dollars et qui devrait produire, à terme, 110 000 barils par jour. Le canadien Kinross a quant à lui investi dans l’exploration de sa mine de Chirano, qui a prolongé sa durée de vie jusqu’en 2022.

Liste de surveillance

Les plans du Ghana et de la Côte d’Ivoire visant à augmenter les revenus des producteurs de cacao pour la campagne 2020-2021 en offrant une prime de 400 dollars par tonne (t) ont été affectés par la pandémie et l’interruption des échanges commerciaux. La sécheresse et les maladies ont affaibli la récolte de cacao, estimée à 770 000 t pour 2019-2020, contre 812 000 t en 2018-2019.

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Cette année, le Ghana fera pression pour être retiré de la liste de surveillance financière de l’UE. Bruxelles l’y avait inscrit en mai 2020 faute de mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans le pays. Le vice-ministre des Finances, Kwaku Kwarteng, a déclaré que le gouvernement travaillait avec le Groupe d’action financière (Gafi) pour remédier à ces faiblesses.

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